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Il m’a trompé ; ſon fils me tromperait de même.
D’ailleurs, il lui faudrait laiſſer mon diadème ;
Le titre de mon fils l’aſſure de ce rang :
En faudra-t-il pour lui priver mon propre ſang ;
Que dis-je ? Pour venger l’affront le plus funeſte,
En dépouiller mes fils pour le fils de Thyeſte ?
C’eſt ma ſeule fureur qui prolonge ſes jours ;
Il eſt temps déſormais qu’elle en tranche le cours.
Je veux, par les forfaits où ma haine me livre,
Me payer des moments que je l’ai laiſſé vivre.
Que l’on approuve ou non un deſſein ſi fatal,
Il m’eſt doux de verſer tout le ſang d’un rival.


SCÈNE IV.
Atrée, Pliſthène, Euryſthène, Theſſandre, gardes.
ATRÉE, bas, à Euryſthène.

Mais Pliſthène paroît. Songe que ma vengeance
Renferme des ſecrets conſacrés au ſilence.

À Pliſthène.

Prince, cet heureux jour, mais ſi lent à mon gré,
Preſſe enfin un départ trop longtemps différé.
Tout ſemble en ce moment proſcrire un infidèle ;
La mer mugit au loin, & le vent vous appelle :