Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je n’arme contre lui que le fruit de ſon crime :
Son forfait mit au jour ce prince malheureux ;
Il faut par un forfait les en priver tous deux.
Thyeſte eſt ſans ſoupçons ; & ſon âme abuſée
Ne me croit occupé que de l’île d’Eubée :
Je ne ſuis en effet deſcendu dans ces lieux
Que pour mieux dérober mon ſecret à ſes yeux.
Athènes, diſposée à ſervir ma vengeance,
Avec moi dès longtemps agit d’intelligence ;
Et ſon roi, craignant tout de ma juſte fureur,
De ſon nom ſeulement cherche à couvrir l’honneur.
Du jour que mes vaiſſeaux menaceront Athènes,
De ce jour, tu verras Thyeſte dans mes chaînes.
Ma flotte me répond de ce qu’on m’a promis,
Je répondrai bientôt & du père & du fils.

E U R Y S T H È N E.

Eh bien ! Sur votre frère épuiſez votre haine ;
Mais du moins épargnez les vertus de Pliſthène.

A T R É E.

Pliſthène, né d’un ſang au crime accoutumé,
Ne démentira point le ſang qui l’a formé ;
Et, comme il a déjà tous les traits de ſa mère,
Il aurait quelque jour les vices de ſon père.
Quel peut être le fruit d’un couple inceſtueux ?
Moi-même j’avais cru Thyeſte vertueux ;