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Jamais amant trahi ne l’a plus ſignalée.
Mycènes, tu le ſais, ſans pitié déſolée,
Par le fer & le feu vit déchirer ſon ſein ;
Mon amour outragé me rendit inhumain.
Enfin par ma valeur Aerope recouvrée
Après un an revint entre les mains d’Atrée.
Quoique déjà l’hymen, ou plutôt le dépit,
Euſſent depuis ce temps mis une autre en mon lit,
Malgré tous les appas d’une épouſe nouvelle,
Aerope à mes regards n’en parut que plus belle.
Mais en vain mon amour brûlait de nouveaux feux.
Elle avait à Thyeſte engagé tous ſes vœux ;
Et liée à l’ingrat d’une ſecrète chaîne,
Aerope, le dirai-je ? En eut pour fruit Pliſthène.

E U R Y S T H È N E.

Dieux ! Qu’eſt-ce que j’entends ? Quoi ! Phiſthène, Seigneur,
Reconnu dans Argos pour votre ſuccesseur,
Pour votre fils enfin ?

A T R É E.

Pour votre fils enfin ?C’eſt lui-même, Euryſthène ;
C’eſt ce même guerrier, c’eſt ce même Pliſthène,
Que ma cour aujourd’hui croit encor ſous ce nom
Frère de Ménélas, frère d’Agamemnon.
Tu ſais, pour me venger de ſa perfide mère,
À quel excès fatal me porta ma colère.