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É R I X È N E.

Si je pouvais encore… Arrêtez un moment.
Vous me voyez, ſeigneur, inquiète, éperdue :
De mortelles frayeurs je me ſens l’âme émue.
De mon devoir toujours prête à ſubir la loi,
Je courais aux autels peut-être malgré moi ;
J’allais voir immoler, dans ma juſte colère,
Le ſang d’Idoménée aux mânes de mon père :
Qu’ai-je fait ! Et de quoi ſe flattait mon courroux !
On dit que les effets n’en tombent que ſur vous.
De grâce, éclairciſſez mon trouble & mes alarmes :
D’un peuple qui gémit & les cris & les larmes,
Des pleurs qu’en ce moment je ne puis retenir,
Tout dans ce trouble affreux ſert à m’entretenir.

I D A M A N T E.

Il eſt vrai que le ciel, juſte, quoique ſévère
Semble enfin reſpecter la tête de mon père.
Sous le couteau mortel la mienne va tomber,
Et ſous l’arrêt fatal je dois ſeul ſuccomber,