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Il sent, tandis qu’il chante, une vertu secrète
Descendre lentement dans son cœur apaisé.

Et tout à coup sa voix, qu’attendrissent encore
Les larmes qu’il versa, prend un accent sonore.
Son chant devient plus pur : grave et mélodieux,
Il célèbre à la fois dans son élan lyrique
L’Hyménée et l’Amour, ce beau couple pudique
Qui marche heureux et fier sous le regard des Dieux.

Il les peint dans leur force et dans la confiance
De leurs vœux éternels. Sur le Temps qui s’avance
Ils ont leurs yeux fixés, que nul pleur n’a ternis ;
Leur présence autour d’eux répand un charme austère.
Mais ces enfants du ciel descendus sur la terre
Ne sont vraiment divins que quand ils sont unis.

Oui, si quelque erreur triste un moment les sépare,
Dans leurs sentiers divers bientôt chacun s’égare.
Leur pied mal affermi trébuche à tout moment ;
La Pudeur se détourne, et les Grâces décentes
Qui les suivaient, formant des danses innocentes,
Ont à l’instant senti rougir leur front charmant.

Eux seuls en l’enchantant font à l’homme éphémère
Oublier ses destins. Leur main douce et légère