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Rencontrant un mirage on s’abuse, on s’arrête.
Nous, nous voulons aller jusqu’à la Vérité :
Prêts à tout affronter, nous marchons droit sur elle.
À notre appel ardent, s’empressant d’accourir,
La Science nous ouvre une route nouvelle,
Et du voile jeté sur la face éternelle
Sa main lève les plis. Qu’allons-nous découvrir ?
Peut-être, au lieu d’un père aimant sa créature,
Une marâtre aveugle et sourde, la Nature,
Et dans son vaste sein, perdu mais enchaîné,
L’Homme qui souffre et meurt, esclave abandonné.
Si tel est notre sort, eh bien ! qu’il s’accomplisse !
Sachons d’abord… après ce n’est rien d’obéir.
Délivrés d’ignorer, cet horrible supplice,
Nous trouverons en nous la force de subir.

Ô Résignation ! religion dernière,
Seul culte que doit l’homme à l’ordre universel,
Toi qu’il embrassera quand, malgré sa prière,
Ses dieux l’un après l’autre auront quitté le ciel,
Désapprends-lui les vœux et la plainte inutile ;
Se taire et renoncer, c’est se sanctifier.
Hélas ! tant que la Foi l’aveugle et le mutile,
Il ne peut que trembler, gémir et supplier ;
L’être faible devient alors un être lâche.
Redonne-lui du cœur, et qu’il fasse sa tâche
Bravement, jusqu’au bout, sous les yeux du destin.
À la place où trônait le caprice divin