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Tu voulais que la peur, l’espoir, l’inquiétude,
Nous enfonçât dans l’âme un aiguillon puissant,
Que notre éternité fût notre unique étude
Et que, dans les tourments d’un désir incessant,
L’homme, s’il ignorait, cherchât en gémissant.
Et tu nous annonçais une heureuse nouvelle :
La destinée humaine éclairée au vrai jour,
Dans notre âme en ruine et pourtant immortelle
Des débris retrouvés de grandeur et d’amour.
Nous donc, qui n’avons pas à craindre ta colère,
Puisque dans l’inconnu nous ne saurions dormir,
Qui sondons et fouillons notre propre misère,
Et qui, selon tes vœux, cherchons, non sans gémir,
Nous sommes accourus à ta voix éclatante.
Par tant de passion nous laissant entraîner,
Nous sommes pleins d’espoir, de terreur et d’attente ;
Nous te suivons, Pascal ! où vas-tu nous mener ?
Aux pieds d’un Dieu jaloux, déloyal, implacable,
Qui hait sa créature et l’aveugle à dessein,
Qui d’un péché lointain la fait naître coupable,
Afin de lui fermer plus aisément son sein ;
D’un Dieu qui, s’acharnant sur sa moindre victime,
A des tourments sans fin pour un moment d’erreur,
Qui défend toute attache et qui nous fait un crime
De ces mêmes instincts qu’il nous a mis au cœur ;
Qui, de tous les côtés, nous traque et nous opprime,
Sourd aux vœux, sourd aux cris, que l’on implore en vain ;
D’un Dieu dont la vengeance est la pensée unique,
Et qui va, couronnant ainsi son œuvre inique,