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attrait. Elles auraient certainement triomphé de ma sauvagerie native. Quelques respectables savants, Stanislas Julien, Letronne, Eichoff me furent seuls permis. Privée de tout conseil et de tout encouragement dans mes tentatives poétiques, je renonçai à la composition sans rien perdre toutefois de mon amour pour la poésie. Les poètes restèrent mes amis uniques, et toutes mes études n’eurent jamais qu’un but : les comprendre et m’en pénétrer.

Je continuai à opposer une résistance respectueuse, mais invincible, aux tentatives de ma mère pour me mener dans le monde. Voyant qu’elle ne gagnait absolument rien sur moi, elle me laissa vivre à ma guise, c’est-à-dire enfermée dans ma chambre avec mes livres. J’obtins même d’elle, en 1838, qu’elle me laissât partir pour Berlin, avec une dame dont le beau-frère et la sœur dirigeaient dans cette ville une institution modèle de jeunes filles. Le directeur Schubart, qui me paraissait déjà vieux à cette époque et qui, cependant, doit vivre encore, car j’ai lu dernièrement dans la Gazette d’Augsbourg qu’il venait de publier la correspondance de son ami, le poète Rückert, le directeur Schubart donna tous ses soins à mon allemand, et je ne sortis de ses mains que complètement germanisée. Ma permission d’un an expirée, je revins à Paris, mais