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DE J.-B. LANJUINAIS.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

Je prie qu’on veuille bien me permettre de dire indifféremment, pour désigner le pays dont j’ai à parler, Inde ou Indostan, Hindostan ou Hindoustan[1], en sanscrit moderne, Hindava, ou mieux Seindhava sthâna, région du fleuve Hind, c’est-à-dire bleu foncé ou noir[2][3] ; pour en distinguer les habitans, regardés comme les plus anciens de l’Inde, et qui sont généralement restés attachés aux langues, au culte et aux usages des brahmanes, Indiens ou Hindous (Hindava) pour nommer leur langue savante ou liturgique, leur langue mère, samscrit ou sanscrit (samscrita ou sanscrita) ; et pour indiquer leur langue vivante et polie, de l’usage le plus général, indien ou hindi, ou hindavi, ou hindostani, ou hindostanique. Il me semble que j’ai besoin de cette synonymie, aisée à justifier, pour éviter ce que des répétitions nécessaires auraient de trop fastidieux.

  1. Hindoustan, mot formé par les Musulmans, conquérans de l’Inde. (Ward., t. I, p. 1.)
  2. Voyez Musei Borgiani Codd. mm. ss. avenses, etc. Romæ, 1793, p. 130. Wahls Ostendien Hamburg, 1807, p. 207 et suiv.
  3. Cette étymologie n’est point conforme à celle que donne le Dictionnaire Sanscrit, qui dérive sindhou, de syanda, couler. D’un autre côté, Îndou, est un nom de la lune. C’est le mot crichna, qui a précisément ce sens de bleu foncé ou de noir. Voyez, pour l’origine du mot Inde, le Mémoire de H. Lassen, sur la Pentopotamie indienne, on le Penjab. Il y montre comment le mot Sindhou, nom sanscrit du fleuve Indus, a pu se modifier de manière à devenir un nom de pays.