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ŒUVRES

vantage deux radicaux identiques dans les deux langues, junctus character[1].

J’ai déjà dit que les groupes furent en usage dans la haute antiquité principalement ; ils le furent dans les écritures de l’Asie et dans celles de l’Europe[2]. Les groupes abrégeaient le travail de l’écrivain en diminuant le nombre des traits, ce qui avait son avantage, surtout pour les écritures gravées sur la pierre ou sur les métaux. C’étaient donc des premiers essais de tachygraphie.

M. de Chézy, dans son intéressante notice de la grammaire sanscrite de Wilkins[3], a dit qu’en sanscrit « les groupes servent à faire reconnaître les consonnes quiescentes, » c’est-à-dire celles qui par circonstance, doivent perdre la voyelle qui leur est naturellement propre et inhérente, pour ne composer, avec la consonne ou les consonnes suivantes, qu’une syllabe artificielle[4].

C’est là seulement une des utilités des groupes en écriture devanâgarie ; mais l’auteur ajoute : Il a fallu avoir recours à quelque moyen pour indiquer les consonnes qui doivent être quiescentes ; et, pour cet effet, les grammairiens ont imaginé de les placer au-dessus de celle qui les suit, etc. » L’usage des groupes est-il donc en quelque sorte

  1. Le mot grec ϰαράϰτήρ (karaktêr), vient de ϰαράσσω (karassô), imprimer, creuser. Câra vient du verbe kri, faire, et signifie forme.
  2. Astl., loco cit.
  3. Moniteur, an x, n° 146.
  4. V. Grammaire Arabe, par M. de Sacy ; in-8°, t. I, p. 38 et 39.