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DE J.-D. LANJUINAIS.

complexes, qui contiennent réellement, avec une voyelle, une, deux et trois consonnes ; c’est aussi qu’il faut une grande abondance de signes pour une langue non-seulement riche de presque tous les produits sensibles de l’organe vocal, mais où la distinction des voyelles longues et des brèves est essentielle et doit être partout fidèlement exprimée par la distinction des caractères, pour une langue où se rencontrent des homonymes singulièrement nombreux et qu’il est utile de signaler au moins par l’usage obligé de lettres différentes, énonçant des sons ou des tons souvent semblables, toujours très-analogues et d’une signification très-différente.

Les Européens, depuis trois siècles, impriment des livres dans l’Indostan ; mais les Indous, asservis à leurs antiques usages, n’ont point pratiqué pour eux l’espèce de typographie dont la Chine leur donnait l’exemple, et qui est si propre à donner de la fixité aux formes des lettres ; de là vient qu’ils ont eu dès long-tems, et qu’ils ont encore presque autant d’alphabets que d’idiomes vivans. C’est un des obstacles les plus rebutans aux progrès des étrangers dans la littérature indoue ancienne et moderne.

Quoi qu’il en soit, les écritures indoues, tant celles du sanscrit que des prâcrits anciens et des prâcrits les plus modernes et les plus simplifiés, ou les plus pauvres, semblent toutes provenir d’un même alphabet, comme tous les prâcrits paraissent issus d’un seul idiome ; c’est ainsi que tous les al-