Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/96

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Si l’exil t’est mortel, espère ; mais attends
Que les nouveaux Bourbons aient achevé leur temps.
Un règne à l’agonie aurait peur d’un fantôme,
Un trône chancelant craint le choc d’un atome ;
Ta légitimité doit effrayer la leur,
Mais tu n’es rien pour nous, que faiblesse et malheur.
Plus radieux après une eclipse totale,
Quand juillet brillera sur notre capitale,
Fuis ta prison dorée, et viens, sans appareil,
Libre et seul, refleurir à ton premier soleil.
Nous aurons oublié quel fut ton apanage,
Nous fermerons les yeux sur ton pélerinage ;
Viens : nous te promettons un spectacle inouï,
Dont les fêtes des rois ne t’ont point ébloui.
Alors quelque David, aux dessins gigantesques,
Prenant le Champ de Mars pour toile de ses fresques,
Devant la Liberté fera mouvoir les chœurs
Des citoyens joyeux et des guerriers vainqueurs.
Qui sait ? le tourbillon de cette farandole
T’entraînera peut-être aux pieds de notre idole ;
La voix du sang français, dans ton cœur enfantin,
Étouffera la voix du sang napolitain,
Et, fier de partager notre gloire future,
Tu solliciteras des lettres de roture.
Alors, si des bivouacs fument à l’horizon,