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À HENRI V

Henri Cinq ! à ce nom n’augurez point d’outrage
Pour l’héritier des lis, emporté par l’orage.
Où l’on salue un roi, je ne vois qu’un enfant,
Et respecte le front que sa candeur défend.
Pourquoi te maudirai-je ? infortuné ! sans doute,
Tu hais la royauté plus qu’on ne la redoute ;
Je garde ma colère à tes bourreaux, à ceux
Qui stimulent pour toi l’avenir paresseux,
Et qui, pour t’ajuster à la robe virile,
T’imposent un effort douloureux et stérile.
Les cruels t’ont volé ton âge d’or ! ils ont
Imprimé sur le tien les soucis de leur front ;
Te versant goutte à goutte une espérance acide,
Ils consomment dans l’ombre un long infanticide.
Ah ! maudit soit le jour, où Paris étonné
Comme un présent d’enfer accepta Dieudonné !
Hélas ! quand les valets du trône héréditaire
De l’auguste naissance adoraient le mystère,
Quand le canon hurlait l’avis officiel,