Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/73

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Comme dans un filet, les prend dans l’épouvante,
Et, sans qu’ils aient tiré le glaive du fourreau,
Les ramasse tremblants et les jette au bourreau.
C’est bien : justice est faite, et, joyeux dans leur tombe,
Les cordeliers martyrs acceptent l’hécatombe.
Un nouveau roi déchu fait hommage à Samson ;
La hache, qu’ébréchait une longue moisson,
Humide d’un sang pur, dans le sang est lavée.

Merlin, repose-toi, la séance est levée !

En face d’un tel homme, oh ! qu’ils semblent petits,
Ces législateurs nains dans le centre blottis !
Ces rhéteurs fanfarons à la voix menaçante,
Qui tonnent sans danger contre l’émeute absente,
Et râlent un long cri d’épouvante et de deuil,
Sitôt qu’un bruit suspect bourdonne sur le seuil !
Si, du moins, surgissait dans un coin de leur salle
Du siècle des géants quelque ombre colossale !…
Mais sur nos vieux tribuns, historiques lambeaux,
L’oubli pesait avant la pierre des tombeaux.
Quand le lion rugit les trois jours de colère,
Sans doute le vieillard bénit la nouvelle ère,
Et, comme le pays, comme la liberté,
Pour un avenir d’or se crut ressuscité.