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Hélas ! quand le tribun du peuple et de l’armée,
Merlin de Thionville est mort, la renommée,
Qui suivait à grand bruit le triomphe d’un roi,
N’a point jeté les yeux sur cet obscur convoi.
Rien ne s’émut autour de cette gloire morte ;
Quelques rares amis ont seuls formé l’escorte,
Et les mille clochers dont il fondait l’airain
Pour voter un budget au peuple souverain,
Et les mille canons qu’il pointait aux batailles,
N’ont point hurlé dans l’air un glas de funérailles ;
Et rien ne rappela qu’il fut un des cent rois
Devant qui tous les rois chancelaient à la fois.
Puissant par la parole et puissant par l’audace,
Il résume en lui seul l’époque à double face
Que d’une explosion de gloire deux volcans
Éclairaient à la fois, la tribune et les camps.
Fallait-il dégrader Dumouriez ou Custines,
Rallier au drapeau des légions mutines,
Réveiller dans nos rangs la victoire qui dort,
Et noyer dans le Rhin les Pharaons du nord ?
Carnot montrait du doigt la frontière entamée,
Et Merlin y tombait pesant comme une armée.
Dans leur métier de feu qu’il n’avait point appris,
Il révélait un maître aux généraux surpris ;
Debout, le sabre en main, sur l’affût oratoire,