Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/53

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Souriait, et, narguant ses rivaux ébahis,
Il frottait sa laideur aux charmes de Laïs…

Quand l’usage, absolu, règne par ordonnances,
Et que tout se nivelle au joug des convenances,
Malheur à l’imprudent qui s’égare d’un pas
Hors du cercle banal qu’a tracé le compas !
Devant des gueux, dorés de titres et de grades,
S’il ose effrontément huer leurs mascarades,
La foule du lépreux s’écarte avec effroi :
C’est un cynique : — Eh bien ! je suis cynique, moi !
Et, pour doter Provins d’une muse indigène,
J’ose la baptiser du nom de Diogène !
Oui, ce droit m’appartient, moi qui roule à tous vents,
Comme lui son tonneau, mes pénates mouvants ;
Moi qui, persécuté de visiteurs sans nombre,
Impatient enfin de grelotter à l’ombre,
Quand ils me promettaient assistance et conseil,
N’ai répondu qu’un mot : Gare de mon soleil !
Pour être, jeune encor, vieux au métier de sage,
Il m’a fallu subir un rude apprentissage.
Comme Barthélemy, rapsode marseillais,
Dont la voix m’a troublé lorsque je sommeillais,
Dans la brise soufflant de la Grèce ou de Rome,
Je n’ai point respiré de poétique arome,