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Détrompé d’amitié, désenchanté d’amour,
Walter Scott à nos yeux fait passer tour à tour
Les brigands féodaux qui couraient, pleins de zèle,
Purifier leurs mains dans le sang infidèle,
Ou ses gais bohémiens, ou ses chefs belliqueux,
Et des temps, des climats aussi bizarres qu’eux.
Le lecteur, franchissant l’espace des années,
Vit de leurs passions et de leurs destinées,
Et de ces grands malheurs, qu’il essaye un moment,
Vers les siens plus légers il revole gaîment.
Hélas ! pourquoi faut-il qu’aveuglant la jeunesse,
Comme tous les plaisirs, l’étude ait son ivresse ?
Les chefs-d’œuvre du goût, par mes soins reproduits,
Ont occupé mes jours, ont enchanté mes nuits,
Et souvent, insensé ! j’ai répandu des larmes :
Semblable au forgeron qui, préparant des armes,
Avide des exploits qu’il ne partage pas,
Siffle un air belliqueux et rêve des combats…

1829.