Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

Viennent jeter des fleurs sur des palmes sanglantes,
Tantôt associant l’étude à ses plaisirs,
Des jeux de Melpomène il charme ses loisirs ;
Tantôt, ivre d’espoir, à la tribune il vole
D’une bouche éloquente épier la parole ;
Tantôt, dans un convoi, suivant la gloire en deuil,
Il dispute l’honneur de porter le cercueil.

Qu’on tremble d’étouffer ces flammes généreuses !
C’est en les irritant qu’on les rend dangereuses.
En vain le despotisme, armé du fer des lois,
Commandait le silence à la presse aux cents voix,
Éteignant les fanaux sur le bord de l’abîme,
De son triomphe même il fût tombé victime ;
Et, s’il faut d’un exemple appuyer mes discours,
Voyez de l’Orient les peuples et les cours :
Au lit du souverain, là, le sabre qui veille
D’un murmure indiscret préserve son oreille ;
Inaccessible même à la voix du remord,
Au sein des voluptés il se plonge et s’endort.
Il dort… mais tout à coup la révolte hardie
Dans son palais en feu gronde avec l’incendie ;
Lui-même tombe aux pieds de ce peuple rampant,
Et l’orage imprévu l’éclaire en le frappant.
Contre les attentats d’une aveugle puissance