Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/45

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La Sibylle de Cume à l’exilé de Troie.
Un peuple envahissant, l’incendie à la main,
Foule aux pieds les débris du colosse romain,
Et le vent du désert sur l’Europe tremblante
Souffle, pour l’engloutir, sa poussière brûlante.
Déjà tout s’obscurcit : mais lorsque, avec effroi,
Ramenant du passé mes yeux autour de moi,
Je cherche les fléaux qu’il semblait nous prédire,
Quel contraste ! partout le Fanatisme expire ;
À la voix de la gloire et de la liberté,
Un autre enthousiasme a partout éclaté,
Plus fécond en exploits que cette frénésie
Dont l’Europe chrétienne épouvantait l’Asie,
Terrible, mais laissant aux peuples satisfaits
Après un jour d’effroi, des siècles de bienfaits.
Qui donc précipita ce mouvement rapide,
Et comme les Hébreux, quand tout marchait sans guide,
Quel nuage de flamme éclaira par degrés
Une route inconnue aux peuples égarés ?
Honneur à Gutenberg ! et puisse d’âge en âge
Son nom vivre et grandir ainsi que son ouvrage !
Honneur à toi, Mayence ! il a dans tes remparts
Découvert l’art magique utile à tous les arts.
Au lieu de fatiguer la plume vigilante,
De consumer sans cesse une activité lente