Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

La fleur veut mourir où la fleur
Est née,
Et j’étais si bien sur ton cœur,
Ma sœur !…

Puis, secouant les souvenirs qui l’oppressaient, elle se leva :

« Qui m’aime me suive, mesdemoiselles ; venez voir et choisir vos costumes »

Et, précédant le jeune et fol essaim, elle entra dans sa garde-robe. Toutes les jeunes filles ouvrirent alors des yeux émerveillés, comme le fils du bûcheron descendu pour la première fois dans la caverne d’Ali-Baba. Il y avait là des gazes si légères, qu’elles se fussent envolées comme les fils de la Vierge, n’eût été le poids des pierreries qui les bordaient ; il y avait là des mantilles espagnoles, des mezzaros italiens, des peignoirs d’odalisques, tout imprégnés encore des parfums du harem et de la poudre d’Aboukir, et enfin, des robes de madone si belles, que la Vierge de Lorette elle-même ne les eût mises autrefois que le jour de l’Assomption.

« Prenez, enfants, dit la bonne impératrice, et amusez-vous bien. Je vous abandonne toutes ces belles choses qui vous font ouvrir de si grands yeux toutes…, hormis une seule, car celle-là m’est trop précieuse et trop sacrée pour qu’on y touche ».

Puis, voyant à ces mots la curiosité étincelante sous toutes les paupières : « Je puis cependant vous faire voir ce trésor », ajouta-t-elle.

Je vous laisse à penser, ma sœur, si l’imagination, cette