Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/271

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Apollon qui, chassé de l’Olympe, courait déguisé par le monde, mais qui n’avait pu pavenir à éteindre tout à fait son auréole.

— Grand Dieu, m’écriai-je en joignant les mains, que voulez-vous de moi ?

— Rien, me répondit-il, rien qu’un abri ; mais le temps va se faire beau et je pars : reçois ce baiser d’adieu.

« Alors je m’avançai tremblante au-devant de mon oncle ; et, le conduisant par la main vers la couche où tu dormais encore : « Caressez plutôt ce pauvre enfant, lui dis-je, car aucun dieu ne le caresse ; touchez ses joues pâles pour qu’elles refleurissent, et soufflez sur ses lèvres pour qu’elles chantent ».

« Le dieu sourit à ma prière ; il se pencha sur toi et souffla sur ta bouche ; mais cette haleine ardente glissant jusqu’à ton cœur, l’emplit et le gonfla… et voilà pourquoi ce cœur brûle et palpite toujours ; voilà pourquoi tu languis et tu meurs, pauvre enfant… Et maintenant que tu sais tout, dis, me pardonnes-tu ? »

Ixus l’embrassa : c’était répondre.

« Eh bien ! prouve-le moi donc en suivant mes conseils. Imprudent ! par quel heureux prodige n’es-tu pas mort de faim et de soif sur le long du chemin d’Athènes à Delphes !

— Oh ! dit Ixus, j’avais fait dès le matin, ma chanson de voyage. Quand je voyais sur une maison la fumée d’un banquet, je frappais à la porte en chantant et l’on m’ouvrait toujours.

— Chanson merveilleuse ! dit Macaria en souriant ; il faut me l’apprendre, Ixus, pour que je la chante aussi, moi, quand j’irai à Delphes ou à Olympie ».