Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/250

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Il s’endormit rêvant bonheur et gloire, mais
L’une arriva bien tard, l’autre ne vint jamais.
Quand il revit Sorrente, et, sur la plage verte,
La villa tant aimée, il la trouva déserte.
Au vent de ses destins, alors de cour en cour,
De prison en prison il tomba ; puis, un jour,
Le pauvre fou sentit, dans la ville papale,
Une douche de fleurs innonder son front pâle.
« Pour qui donc cette pompe et ce peuple à genou ? »
Disait-il, et chacun lui répondait : « Pour vous !
Pour vous Rome est en fête, et son prince en étole
Avec les saintes clefs ouvre le Capitole ;
Pour vous il s’illumine, et ses joyeux échos
Chantent comme ils chantaient sur les pas des héros ;
Car vous avez tenté des conquêtes plus rares,
O poëte, et comme eux triomphé des barbares ;
Car d’un laurier rival vous êtes possesseur :
Voyez… » — « Hélas ! dit-il, je ne vois pas sœur ! »