Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/248

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Oh ! Sorrente, Sorrente ! et, sur la plage verte,
Une blanche villa que le pampre a couverte ;
Un banc sous l’oranger d’où tombe la fraîcheur,
Et là nos entretiens si doux que le pêcheur
S’écriait, quand le son en frappait son oreille :
« Longue nuit, longs amours aux époux de la veille ! »

La Fièvre n’osait plus s’asseoir à mon chevet ;
Même avant la douleur le remède arrivait ;
Vous jugiez mes travaux, querelliez ma paresse ;
Et toujours sur mon front pendait une caresse.
Souvent mon cœur, saisi d’un prophétique émoi,
Me révélait quelqu’un debout derrière moi ;
Puis, sur mes yeux tombait une main enfantine ;
Puis, entre deux baisers, on me disait : Devine !
Je devinais toujours : des parfums inconnus
Annonçaient aux païens l’invisible Vénus.
Ainsi, quand un nuage à mes yeux vous dérobe,
De vos cheveux bouclés, des plis de votre robe,
Je ne sais quel parfum d’une exquise douceur
Se répand et m’enivre, et vous trahit, ma sœur !

Aussi, j’ai bien souvent frémi d’un doute étrange,
Et les yeux sur vos yeux dit : « Est-ce pas un ange ?
» Pendant que je suivais là-bas un paladin