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Sur le flot du désert égarant son essor ;
Et l’olivier sauveur ne fleurit pas encor…

Ces mille souvenirs couraient dans ma mémoire ;
Et je balbutiai : « Seigneur, faites-moi croire ! »
Quand soudain sur mon front passa ce vent glacé
Qui sur le front de Job autrefois a passé.
Le vent d’hiver pleura sous le parvis sonore,
Et soudain je sentis que je gardais encore
Dans le fond de mon cœur, de moi-même ignoré,
Un peu de vieille foi, parfum évaporé.

Cependant mon genou, fléchi par la prière,
Se heurta contre un livre oublié sur la pierre,
Et la secrète voix qui parle aux cœurs élus
Murmura dans le mien : « Prends, et lis ; » et je lus,
Je lus avec amour ces quatre chants sublimes,
Dont l’auteur s’est voilé de quatre pseudonymes,
Mais où sur chaque mot le poëte à dessein
Imprima son génie à défaut de son seing,
Page de vérité, qu’à sa ligne dernière,
Le Golgotha tremblant sabla de sa poussière.
Quand je me relevai plus léger de remords,
Comme au dedans de moi, c’était fête au dehors ;
La vitre occidentale, allumant sa rosace,