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La pipe du soldat qui dormait en plein vent ;
Mais gourmand et voleur !… oui, j’ai lu dans l’histoire
Qu’il aimait un peu trop la figue et le raisin
Du voisin ;
Fécond en malins tours, il y mettait sa gloire,
Et cadis, marchands, bateleurs,
Dit-on, se méfiaient de lui les jours de foire
Plus que des Quarante voleurs !

Las enfin d’en gémir, à sa folle conduite
Un vieil oncle l’abandonna ;
D’Abdallah le Maudit chacun se détourna ;
Le bruit seul de ses pas mettait les jeux en fuite.
Il réfléchit alors : la voix qu’il étouffait,
Cette compagne intérieure
Qui chante de joie ou qui pleure,
Suivant qu’on a bien ou mal fait,
La Conscience en lui gronda, juge implacable.

Alors dans le désert un saint homme vivait
D’aumône et d’au, n’ayant que le roc pour chevet,
Et, pleine de pardons, quand sa main vénérable
Les répandait sur un coupable,
À l’arrêt inspiré toujours Dieu souscrivait :
« Il me pardonnera sans doute,