Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

S’il eût bu la morale à sa source bénie,
Quand il gardait pieds nus ses chèvres au coteau ;
Si le monde eût ouvert à sa jeune fortune
Ce chemin qu’il voulut, dans la foule importune,
Se tailler à coups de couteau !

On va bien loin, guidé par une étoile amie ;
Entre l’homme de gloire et l’homme d’infamie,
Pour combler la distance il fallait un peu d’or.
De l’or ! un horizon plus large que le nôtre,
Et Fieschi, l’enfant corse, eût grandi comme l’autre,
Le beau Corse de messidor.


À MÉDOR



Heureux Médor, si j’ai bonne mémoire,
Je t’ai connu jadis maigre et hideux ;
Chien sans pâtée, et poëte sans gloire,
Dans le ruisseau nous barbotions tous deux.
Lorsqu’à mes chants si peu d’échos s’émeuvent,
Lorsque du ciel mon pain tombe