Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/209

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Je vis, comme on en voit dans les danses macabres,
Passer des ombres à cheval.

Puis un peuple hideux, dont le vrai nom s’ignore,
Tombant, je ne sais d’où, sur le pavé sonore,
Grouillait… un même espoir semblait le remuer.
Attiré par le sang dont le parfum l’enivre,
Le Paris de l’égout s’en relevait, pour suivre
Un homme qu’on allait tuer.

Quand la Corse eut donné Napoléon au monde,
De ses couches de gloire arrière-faix immonde
Elle y jeta Fieschi, l’opprobre tout vivant.
Mais ne lègue-t-il pas un remords à notre âge,
Cet homme ? et son destin est-il bien son ouvrage ?
Qui sait ? murmurai-je en rêvant…

Il va rendre au supplice une âme bien trempée,
Dit-on ; ne pouvait-il s’allonger en épée,
Ce poignard qui frappa sans demander pour qui ?
Le ciel, dans ce bravo qui meurt aux pieds d’un prêtre,
Voulut donner au monde un grand homme peut-être,
Et le monde lui rend… Fieschi !

Si l’étude eût passé sur cet âpre génie,