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Qui jetaient, fiers et sans murmures,
Leurs belles têtes demi-mûres
Dans la corbeille des bourreaux.

J’ai caché de la Muse antique
L’autel proscrit dans mon grenier.
Je suis un païen de l’Attique,
Comme Vergniaux et les Chénier.
Dans tes troupeaux à blanche laine,
O ma fermière châtelaine,
Laisse-moi choisir deux agneaux,
Deux agneaux noirs, car je veux faire
Un sacrifice funéraire
Aux mânes plaintifs de Vergniaux.

« Enfant, la Liberté momie
» De ton cœur vierge eut les primeurs ;
» Tu crois ton amante endormie ;
» Pauvre enfant, elle est morte… Meurs ! »
Ainsi, dans leur funèbre ronde,
Les fantômes de ta Gironde
M’entraînaient lorsque je te vis.
Girondine, qui me répéta :
« J’aime à veiller sur les poëtes :
» Espère en moi, poëte, et vis. »