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SI VOUS M’AIMIEZ


ROMANCE


      Ménestrel, qui vais par le monde,
      N’ayant rien que mon gai savoir,
      Si vous m’aimiez, ô belle blonde,
      Je me croirais un riche avoir ;
Comme Pétrarque aux pieds de son idole,
A vos genoux courbé bien bas, bien bas,
J’oublierais tout, voire le Capitole,
Si vous m’aimiez… mais vous ne m’aimez pas.

      Si vous m’aimiez, ô belle blonde,
      De vos baisers seuls j’aurais faim.
      Et, sourd à son voisin qui gronde.
      Mon cœur s’enivrerait enfin ;
Cœur mendiant, il va, de femme en femme,
Criant misère, et sans secours, hélas !
Le pauvret meurt : il renaîtrait, madame.
Si vous m’aimiez… mais vous ne m’aimez pas.