Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Je consolerais les Amours :
De la beauté j’ai vu les larmes
Couler sur des gants de gendarmes,
Et sa plainte tomber toujours
Sur des cœurs et des barreaux sourds.
Triste, en rêvant au long martyre
Qu’on lui défend de partager,
Lisette a perdu son sourire…
Ah Dieu ! si j’étais Béranger !

L’avenir est si beau là-bas !…
À des chants d’espoir tout l’engage.
A-t-il remis sa montre en gage,
Le poëte ? et ne sait-il pas
Combien le temps a fait de pas ?
Pour montrer du doigt sur la rive,
Au siècle qui va naufrager,
Les fleurs dont le parfum m’arrive,
Ah Dieu ! si j’étais Béranger !

Lui-même a vingt fois en chantant
Bravé les bêtes du prétoire ;
De dormir avant la victoire,
Après avoir guerroyé tant,
Il a droit, sans doute, et pourtant…