Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/103

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Oh ! nous pouvons comme eux unir avec fierté
Au culte de l’honneur celui de la beauté.
Grâce à ton souvenir, toi que j’ai vue éclore
Au soleil de juillet, sous un pli tricolore,
Avec plus de ferveur mes hymnes salûront
L’étendard amoureux qui caressa ton front,
Et je me souviendrai, si son vol me réclame,
Que ces nobles couleurs sont celles de ma dame…

Mais, paladin rêveur, mon culte extravagant
N’aura pas conquis même un baiser sur le gant :
Comme dans un harem, captive au gynécée,
Nul souffle ne ternit sa limpide pensée ;
Dans les sentiers connus on ne la froisse pas,
Le grand air est trop vif pour ses frileux appas,
Ainsi, dans nos vallons la rose orientale,
Que Thibaut transplanta de la rive natale,
S’exilant à l’écart, semble dire à nos fleurs :
Pâles filles du Nord, vous n’êtes pas mes sœurs.
Si la presse demain, bruyante entremetteuse,
Lui glisse, humide encor, mon épître flatteuse,
Hélas ! comme au hasard, sa main froide ouvrira
Cette page qui brûle, et rien ne lui dira
Qu’un souffle de sa bouche a fait vibrer ma lyre,
Que son regard créa les vers qu’il vient de lire ;