Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/100

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Et je me rappelais qu’aux Trois-Jours le soleil
Sur les dalles du Louvres étincelait pareil.
J’explorais du regard les maisons pavoisées
De bannières au vent, de femmes aux croisées :
Errant de groupe en groupe, avec des yeux ravis,
Je m’arrêtai soudain, car je vis… oh ! je vis
Une de ces beautés qu’entre mille on rencontre,
Que le ciel ironique un seul instant nous montre,
Frais mirage qui glisse aux yeux du pélerin
Dans un désert brûlant et sous un ciel d’airain,
Types de la peinture et de la statuaire,
Si pures que leur toit devient un sanctuaire,
Si belles qu’un cœur mort s’épanouit auprès,
Et qu’en se rappelant, un demi-siècle après,
Cette femme sans nom qu’on n’a plus retrouvée,
On se dit : L’ai-je vue ou bien l’ai-je rêvée ?
L’étendard, agitant son ombre sur le sol,
Nous éventait tous deux de son frais parasol ;
Mais, rouge de pudeur, la figure charmante
S’abrita sous ses plis, comme sous une mante.
Immobile à la place où son œil me troubla,
Je répétai longtemps encore : Elle était là !
Et cependant la foule inondait l’avenue…
Je tressaillis, touché par une main connue,
Et la voix d’un ami : Par Apollon, mon cher