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5 6 FRANÇOIS VILLON

Il y a vraisemblablement aussi dans le vers de Villon une allusion à l'ambition insatiable de nos deux chanoines. Jean de Meun, parlant de l'homme cupide, dit qu'« ilbee a beivre toute Seine » (v. 5082). Édit. Ernest Langlois (Société des anciens textes fr.), t. I (19 14), p. 19, n. 2.

V. 229-250. — Aux pigons qui sont par essoiiie Enserre:^soiih^ trappe volière.

« Aux niais qui, pour leur malheur, sont enfermés sous trappe volière. » — Trappe, proprement « piège » « trébuchet », synonj'me de geôle qui, au moven âge, signifiait « cage » : l'on disait également bien la » geôle d'un oiseau », et la « geôle d'un prisonnier ». C'est sans doute par la corrélation des idées que « la grâce de la geôlière » est amenée deux vers plus loin.

V. 232. — Et la grâce de la geôlière.

= « et les bons offices de la geôlière >> (ironiquement). — ^ Villon joue ici sur le double sens de grâce qui existait également dans le latin médiéval gratia et gratuitas étant synonymes : « et les dons et les bonnes grâces », la faveur, en un mot, de la geôlière. On sait que le geôlier devait être « pur lay, ou marié et sans tonsure » (Bibl. nat. Dupuy, 247, fol. 252 ro). Sa femme, lorsqu'il était marié, s'occupait de la nourriture des prisonniers ; et, généralement avide et rapace, elle leur faisait payer cher sa « grâce », sa bienveillance. La geôle de la Conciergerie et du Châtelet étant affermée, le geôlier avait beau jeu pour exploiter ses pensionnaires. C'est ce dont s'était déjà plaint, à la fin du siècle précédent, Honoré Bonet dans V Apparicion maistre Jehan île Meun :

Ly Sarrazins dit des geôliers Q.u'ilz despouillent les prisonniers. Et sy n'est pas petite rente Que les geôles soient en vente...

Fr. 810, fol. 29. Cf. également fol. 19 \°. Et Jehan Boutillier écri- vait également, dans sa Somvie rural, au sujet des geôliers : « Car dure chose seroit que les prisonniers fussent agrevez par la corruption de le[ur] garde ; mais leur doivent administreras gardes vivres compeiens selonc leur estât et selonc l'ordonnance de la Court, sans hayne ne désordonnée faveur.» N. acq. fr. 6861, fol. 551 \° fms. du xve s.). — La Cour de Parlement ne se désintéressait pas d'ailleurs des prisonniers, comme en fait foi l'ordonnance suivante : « Actendu la fertillité du temps et le bon

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