44 FRANÇOIS VILLON
Frauce : « De la manière quant aucun sera mené en prison.» F. 10816, fol. 192 V.
Je vous rencontre bec a bec Deux ou trois ribaus de sergens Qui me mènent en Chastelet
écrit Coquillart dans son Monologue du Pays (t. II, p. 258). Comme à Paris, il y avait à Reims un Châtelet dans le Ban Saint-Remy (Note de Tarbé dans son édition des Œuvres de Coquillart). « Trouvèrent une jeune femme en l'ostel saint Nicolas, la menèrent en une cherrette en Chastellet. .. » Plaidoirie de Luillier devant le Parlement, jeudi 7 juin 1453, dans Longnon, Œuvres complètes de F. Villon (1892); Pièces justif., p. XLiii. « Deux escoliers furent menez prisonniers en Chastel- let... » lUd., p. XLV.
XXIII. — Villon laisse à Perrenet Marchant, dit le « Bastart de la Barre », sergent à verge au Châtelet de Paris, et individu fort peu recommandable, une botte de paille pour exercer l'amoureux métier, le seul qu'il sache faire.
V. 179. — Pour ce qu'il est très bon marchant .
Villon enchérit sur la locution de style hou marchant, employée ici par antiphrase et signifiant « très mauvais rufien », ce qui concorde parfaitement avec ce que l'on sait du personnage (rÉ'5^, huit. XCVIII). Faisant allusion à la complexion erotique de ce dernier, Villon se plaît, selon son habitude, à équivoquer sur l'expression très bon marchant qu'il prend tout ensemble comme synonyme de « très mauvais pail- lard » ; marchant, participe présent du verbe marcher, dont le sens propre (Brachet, Dict. étym.) est c pétrir, presser, fouler » (on comprend ce qu'il entend par là), marchant, adjectif verbal du verbe merca- tare, fréquentatif de mercari, avec le sens de « vendre, trafiquer — ici, de la débauche), voulant dire, par suite : très mauvais rufien, tous qualificatifs s'adaptant fort bien à cet émule du Bon Fonterre du Testament (v. 923). — Le mot « marcheur » est employé aujourd'hui pour « celui qui suit les femmes », comme dans la pièce de M. H. Lavedan : Le vieux Marcheur = le vieux coureur, le vieux débauché. — La locution bon marchand, dans le sens de « notable marchand » s'est maintenue jusqu'au xviiie siècle. Parlant des Anglais qui, au mépris des trêves jurées, se déguisaient pour attaquer les « bons marchans » et les tuaient ensuite, Martial d'Auvergne écrit :
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