Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tel garson que je suis
Ailleurs vous ay tenue,
Et dessus vostre lit
Ay laissé ma saincture,
Et a vostre chevet mon espee esmoulue.
(Fr. 12744, fol. 70.)

— Villon, faisant allusion à l’ajournement qu’il avait reçu de la Cour des Comptes à la requête d’un certain Macé, lieutenant du bailly de Berri à son siège d’Issoudun, et à l’amende à laquelle il avait été condamné envers ce magistrat provincial, emploie intentionnellement l’expression à double entente « avoir ma saincture » qui ne s’appliquait d’ordinaire qu’au geôlier et au bourreau. « Item, quant ung homme est justicié, le geaulier a sa sainture, supposé que elle soit d’argent, mais que elle ne poise fort ung marc et sa tasse et son argent et monnoie, puis qu’il ne passe pas de livres, et tout ce qui est au dessus de la xainture comme mantel, housse, etc. ; et tout ce qui est au dessoubz la xainture est au bourreau. Et se la xainture pesoit tant fust petit plus d’un marc, il ne auroit riens en la xainture. Et aussi se le menu argent monnoye montoit a plus de dix livres tant feust peu, il n’y auroit riens ; et est ainsi ordonné. » Le grand Coutumier de France, par Jacques d’Ableiges, fr. 23637, fol. 110 v° (dernier chap., des peines). Cet article permet de donner au vers de Villon toute sa portée, de même que la forme méprisante qu’il emploie exprime la rancune dont il est encore plein.

V. 1212-13. — L’amende soit bien haût tauxée :
Elle est une mauvaise ordure.

Amende tauxee, expression de style. « De Jehan Le Loup (légataire de Villon, Lais 185 ; Test. 1110) voiturier par eaue et pescheur, pour une amende sur luy tauxee le xve jour dudit mois d’aoust ensuivant a X s. p. » Arch. nat. KK 408, fol. 183 (Comptes de la Ville, Receptes et amendes, an. 1456).

ordure, femme débauchée. Cf. Du Cange, Gloss. gall, s. v. ordure, et Glos, lat., s. v. ordura = meretrix. « La femme et le suppliant se fâchèrent : elle l’appella sanglant sourt et lui l’appella sanglante ordure. » Lettre de rémission, an. 1389, dans Du Cange s. v. sangulentus.

CXIII. — Des auditeurs des Comptes, Villon revient brusquement à l’Officialité de Notre-Dame : il a sans doute à cœur de payer toutes les dettes de rancune qu’il porte en lui ; et c’est