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282 FRANÇOIS VILLON

d'un réau, comme indemnité pécunicre, pris en change, en monnaie, pour enfler sa bourse à la proportion de ses exigences, complétait assez bien la plaisanterie. Mais c'est là une explication plus spécieuse que vraie, et qu'il convient d'abandonner, semble-t-il, pour ne voir dans Guillaume Charruan que le parisien, maître es arts, et le compagnon d'études de François Villon, qu'il ait été ou non « advocat ». Il en aurait eu, en tout cas, l'âpreté au gain : de là le réau en change pour enfler sa bourse « prins sur la chaussée et carreau de la grant cousture du Temple », où se faisait la culture des légumes dans les marais qui la composaient en majeure partie ; mais où il eût été impossible de trouver un « change » (Poés. div., XVI, 33). — Sur la « Cousture » du Temple, et les « mares » y adjoignant; cf. Arch. nat. MM 135, fol. 82 vo-84, Censive du Teviple (an. 1457).

V. 1024. — (Quoi que Marchant Vot par estât)

" Quoique Marchant l'ait eu par destination, par don antérieurement fait. » (Lais 81-83).

V. 1024. — Villon avait jadis laissé son branc à Ythier Marchant (Test. 970-971): cette fois, il le donne à M^ Charruau. — - (Quoi que Marchant ou pour estât A ; — ot pour C).

V. 1025. — Mon branc... je nie tais du fourreau.

Villon joue sur le mot branc qui signifie à la fois « courte épée » et « excrément. » Je me tais du fourreau continue la plaisanterie. Le « fourreau » ici, est ce que Henri de Mandeville appelle, dans sa Cyrur- gie le « bouel culier ou du cul. » Fr. 2030, fol. 7. — « C'est du bouci culier par lequel les fèces (déjections) et les estrons sont mis hors du cors humain « (fol. 33^»). (Cf. ci-dessus Lais, 81 et suiv.) L'expression « boueau cuillier » figure également dans le Glossaire latin-français, lat. 7684, fol. 12'= (xve s.). Le vers de Villon fait équivoque, au sens scatologique, avec ce vers de Raoul de Cavibray, où Raoul

Hors de son fuerre a trait le brant d'acier.

(v. 2740 : édit. P. Meyer et A. Longnon. Paris, 1882, Soc. des anciens textes fr.).

v. 1026-27. — // aura avec, un rëau

En change, affin que sa bource enfle...

= « Il aura, avec le branc, un réau en monnaie, afin... » — En 1470, le réau royal valait 27 sols tournois 6 deniers. « (Cf. Du Cange, s. v.

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