Douleur me fait par ennuy qui trop dure
En jeune aage vieillir, maugré nature
(Alain Chartier, fr. 24440 fol. 2). — Coquart vient de coq avec le sul- fîxe, ici péjoratif -art qui infirme, par suite, les qualités inhérentes au coq ; ce n’est plus qu’un méchant coq ; un coq manqué, un coq émasculé. Dans une « sotte amoureuse » (nom d’une taille, poésie d’un genre particulier) de Baudet Hérenc (1432), le protagoniste de cette pièce conclut ainsi :
Prince, je suis d’elle appelle coquart
S’entre mes bras souvent je ne l’acole.
(Il s’agit d’une vieille prostituée, horrible et repoussante.) Le sens de ces vers parait bien être : « elle m’appelle refroidi, propre à rien, impuissant, si je ne la prends souvent entre mes bras {Règles de seconde Rhétorique, édit. Er. Langlois, p. 176). Le sens de niais, de 50/, de jeune galant n’a rien à voir ici. Les vers de Villon signifient donc : « Je porte le ton et ia voix affaiblie d’un vieillard, et je ne suis cependant qu’un jeune et méchant coq : méchant coq, contraire de hon coq = un mâle. Il n’est pas inutile d’ajouter que coquart et coquillart se prenaient pour le mari dont la femme était infidèle. Cf. Du Cange s. v. coquibus. Le sens de « méchant coq » est nettement mis en relief dans la Farce du nouveau marié : celui-ci, au-dessous de sa tâche conjugale, est ainsi bafoué par sa belle-mère :
Regardez quel seigneur voici !
Quel avortillon, quel coquart !
Il faisait tant le loricquart
Du temps qu’il estoit fiancé !
Viollet-le-Duc, ^4KaV’/z Théâtre franc., t. I, p. 19.
LXIII. — La pensée de Villon se reporte sur Thibault d’Auxigny qui lui a fait boire tant d’eau froide et manger tant de « poirres d’angoisse », enferré au fond d’un cul de basse-fosse. On s’imagine le genre de prières qu’il fait pour celui qu’il considère comme son bourreau, et dont il associe le nom à celui d’un scélérat, Tacque Tibaut, dont la mémoire était très justement exécrée du peuple.
v. 737- — Dieu mercy et Tacque Thibault...