196 FRANÇOIS VILLON
cours. Voici un passage des Lettres de Charles VII par lesquelles il ordonne la fabrication des monnoies d'or et d'argent dont il fixe le prix, et décrie diverses autres monnoies : « Scavoir faisons... que avons ordonné cstre ouvré et monnoyé... certaines bonnes monnoies, c'est assavoir: deniers d'or fin, appelés escus a la couronne... que nous voulons avoir cours et estre pris et mis pour vingt cinq sols tournois la pièce. Item, Voulons semblablement que les deniers appelez grans blancs... soient pris et mis pour cinq deniers tournois la pièce ; en deffendant a tous que aucun, de quelque estât qu'il soit, qu'il prenne ou mette doresnavant... aucuns nobles, e/c. . . » (12 juillet 1436). Ordonnances, t. XIII, p. 221 et suiv.). — « Dites a mon père qu'il ne rongne plus la monnove, car elle ne se mettra plus. « Guillaume Bouchet, Sérées (édit. Roybet), t. III, p. 73, etc. Cf. Le Blanc, Traité historique des monnoyes de France (Paris, 1690, in-40), p. 232 et passim. Mettre s'employait encore au xviiie siècle avec l'acception de « faire passer », de « faire accepter ». « Je tâcherai à mettre cette pistole, quoiqu'elle soit assez légère.» Riche- let, Dictionnaire, Paris, 1738.
XLVII. — Ces conseils de la belle Heaulmière, Villon les a fait enre- gistrer, prétend-il, par son clerc « Fremin l'estourdis ». Les commen- tateurs ont pris au sérieux ce clerc de Villon, comme si ce dernier, dans l'affreuse misère où il se débattait, et qui aurait pu dire, comme Ruste- beuf, son frère spirituel :
Las chetis ! et je sui es laz
De povreté et de sofretc! (p. 207, v. 34-35),
avait eu les movens de se « payer » un secrétaire ! Mais, comme tous les personnages que Villon fait intervenir dans le Lais et le Testament, ce Frémin était un être bien réel, et répondait, selon toute vraisem- blance, à un certain Frémin le May, écrivain, fils de Frémin le May, libraire et « notaire de la Court a l'official de Paris ». La maison à l'en- seigne du Chat qui pesche, au coin méridional de la rue du Sablon et du Marché Palu, formait, au xv^ siècle, deux immeubles distincts dont l'un, en 1420, passa à Frémin le May, notaire; l'autre, en diverses mains. En 1429, l'Hôtel-Dieu en cédait le terrain à Frémin le May « escripvain » (le clerc présumé de Villon) pour 70 s. » Coyecque, L'Hôtel-Dieu de Paris au moyen âge, t. I, p. 218.
V. 562. — La belle et bonne de jadis.
�� �