158 FRANÇOIS VILLON
roy Clovys, premier roy de France crestien » (Ir. 175 12, fol. 24 vo), il ne songe pas, j'imagine, à louer l'homme qui s'était souillé d'un nombre respectable de meurtres qu'il avait commis personnellement ou fait commettre en son nom, mais seulement le chef plein de courage qui s'était illustré sur maints champs de bataille. Le rédacteur de la Chronique scandaleuse, en parlant de la condamnation prononcée à Ven- dôme contre le duc d'Alençon « durant la vie du bon roy Charles dont Dieu ait l'ame », n'a surtout en vue que la clémence dont Charles VII fit preuve en cette occasion (cf. t. I, p. 316, an. 1474). D'ailleurs, la seule épithète « officielle « sous laquelle le dénomment les contempo- rains, est celle de victorieux. (Gaguin, avant-dernière phrase de la vie de Charles VII, Co)iipendiuni),ct l'Art de vérifier les dates (Paris, 1770), p. 562. « De deux malx Dieu nous a délivrés par le moyen de nostre bon et très victorieux roy de France nouvellement trespassé, Charles de Valois Vlle », écrit Pierre des Gros, en 1464. Fr. 193, fol. 16. Toute- fois on ne peut nier, et les contemporains sont là-dessus unanimes, que Charles VII fut généralement humain et « doulx Roy et bénin prince ». {Cbartier, t. II, p. 47.) Cf. Beaucourt, t. IV, p. 86 et notes. — Villon ne manque pas de saisir l'occasion qui s'offre à lui pour équivoquer sur le mot hon pour Louis XI et Charles VII, comme, quelques vers plus loin, pour Du Guesclin et Jeanne d'Arc, également « bons » et « braves ». Aussi cette épithète de hon, accolée au nom de rois ou de grands personnages de cette époque, ne doit-elle être acceptée — lors- qu'elle n'est pas une simple formule — que sous bénéfice d'inventaire. Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur, n'est-il pas appelé le Ion par les historiens ? En effet, en 1455, il faisait 'étouff"er entre deux draps Jean de Gransou, à Poligny. En 1466, âgé de 70 ans, il se faisait transpor- ter en litière devant Dinant, et, avec une joie féroce, assistait à la des- truction totale de la malheureuse cité dont tous les habitants furent massacrés ou passés au fil de l'épée, les femmes et les filles, bour- geoises et religieuses violées, les petits enfants massacrés et la ville réduite en cendre. Et le « bon » religieux bénédictin, qui relate ces horreurs, d'écrire : « Philippe fut surnommé le hon, titre plus glorieux que ceux qui ne sont fondés que sur l'orgueil des princes et le malheur des peuples. » Lart de vérifier les dates (1770), p. 675. Commynes nous apprend que ce ne fut que « depuis sa mort », que ledict duc Philippe a esté appelle le bon duc Philippe ». Mémoires (édit. Dupont), t. I, p. 14 ; sans doute par comparaison avec son fils, le fou furieux que ne tarda pas à devenir le Charolais. — Et le bon roi René ? Poli- tique des plus médiocres, égoïste et jouisseur, il ne craignait pas, pour
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