COMMENTAIRE ET NOTES 155
V. 351. — Oh sont ilz, Vierge souveraine ?
Ou sont ilz, pour « Ou sont elles », anomalie justifiée par l'usage et confirmée par d'innombrables exemples, en vers comme en prose. Cf. ci-dessus, la note au vers 351 du Test., extrait du Journal d'un bourgeois de Paris, les deux dernières lignes ; et Suchier, Zeischrift für romanische Philologie, t. IV, p. 419, auquel renvoie F. Brunot, Hist. de la langue franç., t. I, p. 420-421.
Vierge souveraine. Bonne leçon de AIPR. Le scribe de F a eu une distraction : Et aussi la belle Helaine; quant à C, il va en être question.
Gaston Paris qui déclare baser sa critique sur les variantes relevées par Longnon, variantes qu'il reconnaît n'avoir pas contrôlées lui-même (Romania, t. XXX (1901), p. 362, n. 2) assure que « souveraine » est une forme inconnue de Villon qui n'emploie que souvrain : « mais, au lieu de lire ou sont-elles (texte de Longnon, 1ère édit.), je préférerais lire avec C, ajoute-t-il, « ou sont ilz, ou, Vierge souvraine » (Ronmnia, t. XXX, p. 373).
Or, il n'en est rien. C donne : Ou sont ilz, ou, Vierge souveraine ; de même que AIPR et les incunables 3, 6, de la Bibliographie : Ou sont ilz, Vierge souveraine. La répétition de ou qui figure déjà trois fois en quatre vers (351-354) ne s'impose nullement une seconde fois au vers 351. (M. Foulet a du reste constaté l'inexactitude fréquente des variantes de la première édition de Longnon. Romania, t. XLII (1913), p. 503, n. I.)
v. 555. — Que ce reffrain ne vous remaine.
CI donnent une graphie phonétique : Qu'a ce reffraing..., autre préssomption, entre tant d'autres, que le ms. C a très vraisemblablement été dicté.
V. 356. — Mais ou sont les neiges d'antan ?
Dans cette ballade conçue dans un cadre convenu et dont on retrouve de nombreux exemples au moyen âge, Villon a condensé sous une forme originale et neuve son amour et son adoration pour la femme. Le même cadre a servi à Villon pour la ballade suivante, appelée communément la Ballade des seigneurs du temps jadis où l'on trouvera, en notes, les points de comparaison qui s'imposent avec un passage de l'hymne célèbre Cur mundus militat sub vana gloria, de Jacopone da Todi, et d'une prose moins connue qui figurent dans un manuscrit de l'abbaye de Saint-Victor, aujourd'hui à la Bibliothèque nationale.