88 FRANÇOIS VILLON
qui avait adopté la plupart des erreurs des Turlupins, hérétiques du xive siècle. Ceux-ci, écrit Baj-le, « ne croyaient pas qu'il fallût invoquer Dieu autrement que par l'oraison mentale. » Cf. les mots Turlupins,. Picards (Dict., Amsterdam, 1797, t. IV, p. 1190 et 819). On appelait Picards les hérétiques Vaudois qui s'étaient réfugiés dans les Flandres eï qui avaient fait là de nombreux prosélytes. C'était un de leurs dogmes que prier pour les morts était chose vaine et superflue : « vanum et superfluum esse orare pro mortuis et avaritiae sacerdotalis inventum.» Historia manuscripta ah Alberto Cattaneo, archidiacono Cremouevsi, dans D. Godefroy, Histoire de Charles VIII (Paris, 1684, in-fol.), p. 278, Sur le procès des Vaudois d'Arras qui durait encore au moment ou écrivait Villon, et dont les phases sinistres étaient présentes à l'esprit de tous, cf. Gaguin, Epistole et oratioucs, t. II, p. 474 et 477-78. Etienne de Bourbon (xiiie s.) prétendait qu'on reconnaissait les hérétiques (en l'espèce, les Albigeois) à ceci : « qu'ils apprenaient les textes sacrés par cœur, mais qu'ils n'j^ ajoutaient pas foi. » Anecdotes (édit. Lecoy de la Marche), p. 307, n° 349.
V. 38. — S'il ne le scet, voise Vaprendre.
AF donnent « la scet » ; CI « le scet » ; de même les incunables,. Marot et La Monnoye. — Prière de Picart équivalant à « aucune prière ». — « S'il ne sait ce que c'est qu'une prière de Picard, qu'il aille l'apprendre à Douai ou à Lille en Flandres, c'est-à-dire en pays wallon où sévissait alors l'hérésie des Picards. Cf. Du Gange s. v. Picardia, et Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. III, p. 534-36 et notes. Le, ici, est un neutre. Cf., plus loin, la note au vers 272 du Testament. — Villon a pu aussi vouloir employer le régime singulier féminin tel qu'il existait dans les Flandres, où le était mis pour la.
VI. — Toutefois, si Thibault d'Auxigny désirait d'entendre prier pour lui, par mon baptême, dit Villon, grâce à ce qu'il ne le demande pas à chacun (c'est là une bonne précaution), il ne sera pas déçu dans son attente ! Et Villon de prendre dans sa mémoire (il vient de noter qu'il n'aime pas lire et qu'il priera par cœur) le < verselet » septième du psaulme Deus laudem. Aussi nous fait-il remarquer que le psautier d'où il tire sa prière n'est relié ni en bœuf (en veau, dirions-nous) ni en cuir rouge (cordouan) selon l'usage; et, pour bien montrer qu'il prie « par
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