particulièrement mêlée avec laquelle il fut en contact. Dans le Testament qu’il rédigea sur l’extrême fin de 1461 (l’année allait jusqu’à Pâques 1462), il inséra un certain nombre de ballades dont la composition était antérieure à 1456, et en fit d’autres pour ce dernier poème, sans parler des ballades en jargon qui appartiennent, elles aussi, à cette dernière période de sa vie. Mais la caractéristique de ces deux œuvres, le Lais et le Testament, est d’être, au premier chef, de la poésie personnelle, où il expose ses sentiments intimes et fait allusion à maintes circonstances de son existence dont plusieurs sont inintelligibles pour nous par suite de l’éloignement de plus de quatre siècles et demi, mais qui étaient comprises de son temps, au moins dans le monde restreint auquel il s’adressait. Le Lais est une facétie gracieuse et juvénile qui prélude dignement au Testament, et leur réunion constitue une œuvre complète et définitive. Quant au Jargon, en dehors de la langue spéciale dans laquelle il est écrit, il n’apporte rien à l’œuvre littéraire de Villon et peut en être distrait sans inconvénient.
Le Lais. — Dans les premières années qui suivirent sa maîtrise ès arts, un certain nombre de poésies dont plusieurs nous sont parvenues et parmi lesquelles figurent au premier rang la ballade des Dames du temps jadis, les Regrets de la belle Heaulmière, la ballade à Notre-Dame, sans oublier la ballade de la Grosse Margot, si curieuse dans son genre, avaient solidement assis, au moins dans les milieux universitaires, la réputation de Villon (Lais, 314), lorsqu’un événement d’ordre personnel, la trahison d’une maîtresse, indépendamment d’un autre motif moins avouable, l’obligea de quitter Paris et de prendre la fuite. Mais puisqu’il lui fallait partir, et qu’il n’était pas certain du retour, Villon établit une suite de lais (legs) où, après l’invocation d’usage à la Sainte-Trinité, sa pensée se porte tout d’abord