122 FRANÇOIS VILLON
que celle de son temps, mérite une attention toute parti- culière : c'est grâce à elle qu'il a été possible de restituer avec sûreté de nombreux passages altérés dans les éditions. On a parlé de l'obscurité de la langue de Villon. Certes, les ellipses dont il use souvent et « les meslees et longues parenthèses » dont s'étonnait Marot, et dans lesquelles il se plaît à sertir curieusement ses vers, le rendent parfois difficile à saisir ; mais, comme l'a très bien fait remarquer Petit de Julleville, « ce sont les faits, obscurcis à dessein, parce qu'il s'adresse à des lecteurs, ses contemporains, bien plus, des amis, qui comprennent à demi mot, et non sa langue qui est obscure ' ».
Le style. — Cette empreinte personnelle dont Villon a marqué sa langue, c'est son style ; et chez Villon, plus que chez tout autre, le style est l'homme même. Il n'y a pas à tenir compte de la fiction par laquelle il aurait dicté son manuscrit à son pseudo-clerc Frémin, comme on l'a justement fait pour Joinville qui déclare lui-même, à plu- sieurs reprises, qu'il a dicté le sien^. Villon — et pour cause — n'a jamais eu d'autre secrétaire que lui-même, sauf cette fois où son ami Tabarie lui rendit le service de « grosser » son Roman du Pet au Deable.
Les manuscrits. — Les manuscrits de Villon sont dési- gnés ici, pour la plus grande commodité du lecteur, par les mêmes sigles sous lesquels les avait rangés Longnon dans sa première édition. Quant aux mss. qui ne contiennent qu'une pièce ou deux de l'œuvre de Villon, ils sont dési-
1. Hist.de la litt. franc., t. II, p. 390.
2. N. de Wailly, BiU. de l'École des Chartes, t. XXIX (1868), Mémoires sur la langue de Joinville, p. 3 30 ; Vie de saint Louis, p. 2 ; 4 ; 506. « Selon toute apparence, Joinville a dû dicter ses œuvres à l'un des scribes par qui il faisait écrire ses chartes. » P. Meyer, dans la Bibl. de r École des Ch., t. XXXV (1874), p. 647.
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