<)6 FRANÇOIS VILLON'
Le succès qui accueillit le Lais et le Testament à leur apparition est confirmé par les manuscrits qui en restent, bien que le plus grand nombre de ceux-ci doive avoir dis- paru. Ce succès se continua jusqu'en 1489, date de la pre- mière édition que nous ayons des Œuvres de Villon, mais qui a dû vraisemblablement être précédée d'une ou de plusieurs autres, détruites ou disparues : cette édition de Pierre Levet ne fut pas suivie de moins de dix-neuf édi- tions (quant à celles qui nous sont parvenues) jusqu'en 1533 où Marot publia la sienne sur l'invitation de François I". Et pourtant, que d'allusions rendues inintelligibles par suite de l'éloignement du temps et de la corruption de plus en plus sensible du texte ! Toutefois la vogue se pour- suivit jusqu'en 1542; ce qui ne doit point surprendre puisqu'aujourd'hui même, alors que trop souvent les inten- tions de l'auteur nous échappent^ la lecture du Lais et du Testament est toujours aussi attachante et nous fascine en dépit de leurs obscurités, et malgré les difficultés de la langue et de notre impuissance à la comprendre toujours pleinement. Si de tels chifi"res, qui ne peuvent être qu'au' dessous de la vérité, attestent le « bmit » qu'obtinrent ces deux poèmes, il est fort douteux, toutefois, que leur succès ait beaucoup dépassé les limites de Paris; et il est vraisem- blable qu'ils furent surtout goûtés, sinon exclusivement, dans les milieux de l'Université, du Palais et du Trésor, et dans la bourgeoisie lettrée. Ce succès ne se démentit pas jusqu'en 1533, date de l'édition de Marot qui renouvela le goût public pour notre poète, et dont on ne compte pas moins de dix éditions jusqu'en 1542. C'est alors que se produisit une éclipse complète provoquée par l'avènement de la Pléiade, d'essence tout aristocratique, et qui orienta l'opinion dans une autre direction littéraire en imposant à la critique d'alors, à l'exception des Fauchet, des Rabelais,
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