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pas plus de cas que du vain espoir qui saisit souvent en commençant les mathématiques, quand on n’a fait encore que saluer le seuil du temple. À peine avez-vous donné à ces novices la ligne et le cercle, et montré ce que c’est qu’une ligne droite et une ligne courbe, qu’ils croient aussitôt qu’ils vont trouver la quadrature du cercle et la duplication du cube. Mais nous avons tant de fois réfuté l’opinion des pyrrhoniens, et eux-mêmes ont retiré si peu de fruit de cette méthode de philosopher, qu’ils ont erré toute leur vie et n’ont pu sortir des doutes qu’ils ont introduits dans la philosophie ; aussi paroissent-ils n’avoir travaillé que pour apprendre à douter : c’est pourquoi, avec la permission de Polyandre, je douterai s’il peut lui même en tirer quelque chose de meilleur.

Eudoxe. Je vois bien que vous vous adressez à Polyandre pour m’épargner ; vos plaisanteries toutefois m’attaquent évidemment ; mais laissons parler Polyandre, et après cela nous verrons qui de nous rira le dernier.

Polyandre. Je le ferai volontiers ; aussi bien je crains que cette dispute ne s’échauffe entre vous deux, et que si vous reprenez les choses de trop haut, je finisse par n’y plus rien comprendre. Je perdrois ainsi le fruit que je me promets en revenant sur mes premières études. Je prie donc Épistémon de me permettre de nourrir cet espoir, tant