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tinctes, l’une d’un corps, l’autre de l’étendue, mais simplement une seule, celle d’un corps étendu : au fond c’est comme si je disois, tout corps est étendu, ou plutôt, ce qui est étendu est étendu. Et c’est un caractère particulier à tout ce qui n’existe que dans un autre, et ne peut jamais être conçu sans un sujet, caractère qui ne se retrouve pas dans ce qui se distingue réel­lement du sujet. Ainsi, quand je dis : Pierre a des richesses, l’idée de Pierre est tout-à-fait différente de celle de richesses ; de même, quand je dis, Paul est riche, je m’imagine tout autre chose que quand je dis le riche est riche. Faute de faire cette différence, la plupart s’imaginent faussement que l’étendue contient quelque chose de distinct de ce qui est étendu, de même que les richesses de Paul sont autre chose que Paul. Enfin, si on dit, l’étendue n’est pas un corps, le mot d’é­tendue se prend d’une tout autre manière que plus haut, et dans ce sens aucune idée ne lui cor­respond dans l’imagination. Mais cette énonciation part tout entière de l’intelligence pure, qui seule a la faculté de distinguer les êtres abstraits de cette espèce. C’est là pour beaucoup de gens une cause d’erreur. Car, sans remarquer que l’étendue prise en ce sens ne peut être imaginée, ils s’en repré­sentent une idée réelle, et cette idée impliquant nécessairement la conception d’un corps, s’ils