Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/307

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mélange d’êtres ou de matières déjà connues, qui produisent les mêmes effets que l’aimant déve­loppe.

Or, tous les êtres déjà connus, tels que l’éten­due, la figure, le mouvement, et tant d’autres, que ce n’est pas ici le lieu d’énumérer, sont, dans les divers sujets, connus par une seule et même idée ; et qu’une couronne soit d’or ou d’argent, cela ne change rien à l’idée que nous avons de sa figure. Cette idée générale passe d’un sujet à un autre par une simple comparaison, par laquelle nous affir­mons que l’objet cherché est sous tel ou tel rap­port semblable, identique, ou égal à une chose donnée ; tellement que, dans tout raisonnement, nous ne connoissons précisément la vérité que par comparaison. Ainsi, dans ce raisonnement, tout A est B, tout B est C, donc tout A est C, on compare ensemble la chose cherchée et la chose donnée A et C, sous ce rapport, savoir que A et C sont B. Mais comme, ainsi que nous l’avons souvent ré­pété, les formes et syllogismes ne servent de rien pour découvrir la vérité des choses, le lecteur pro­fitera, si, les rejetant complètement, il se persuade que toute connoissance qui ne sort pas de l’intui­tion pure et simple d’un objet individuel dérive de la comparaison de deux ou de plusieurs entre eux ; et même presque toute l’industrie de la raison humaine consiste à préparer cette opération : quand