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Mais dans toute question, quoiqu’il doive y avoir quelque chose d’inconnu (car autrement il n’y auroit pas de question), il faut cependant que la chose cherchée soit tellement désignée par de cer­taines conditions, que nous soyons conduits à chercher une chose plutôt qu’une autre. Ce sont ces conditions que nous disons qu’il faut d’abord étudier ; pour ce faire, il faut diriger notre esprit sur chacune d’elles en particulier, examinant avec soin jusqu’à quel point chacune détermine cet in­connu que nous cherchons. Car l’esprit de l’homme tombe ici dans une double erreur : ou il prend pour déterminer la question plus qu’il ne lui est donné, ou au contraire il omet quelque chose.

Il faut nous garder de supposer plus et quel­que chose de plus positif que ce que nous avons, surtout dans les énigmes et dans toutes les ques­tions captieuses inventées pour embarrasser l’es­prit ; et même dans les autres questions, lorsque pour les résoudre on paroît admettre comme cer­taines des suppositions qui ne nous sont pas don­nées par une raison positive, mais par une opinion d’habitude. Par exemple, dans l’énigme du Sphinx, il ne faut pas croire que le mot pied signifie seu­lement les pieds véritables des animaux, il faut voir encore s’il ne s’appliqueroit pas métaphori­quement à quelque autre chose, comme ici aux mains de l’enfant, au bâton du vieillard, parceque l’un