Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/287

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même il est souvent plus facile d’en examiner plu­sieurs jointes ensemble que d’en abstraire une seule. Ainsi je puis connoître un triangle sans avoir jamais remarqué que cette connoissance contient celle de l’angle, de la ligne, du nom­bre trois, de la figure, de l’étendue, etc. ; ce qui n’empêche pas que nous ne disions que la nature du triangle est un composé de toutes ces natures, et qu’elles sont mieux connues que le trian­gle, puisque ce sont elles que l’on comprend en lui. Il y a plus, dans cette même notion du trian­gle, il en est beaucoup d’autres qui s’y trouvent et qui nous échappent, telles que la grandeur des angles, qui sont égaux à deux droits, et les innom­brables rapports des côtés aux angles ou à la capa­cité de l’aire.

Nous disons, en sixième lieu, que les natures appelées composées sont connues de nous, parceque nous trouvons par expérience qu’elles sont composées, ou parceque nous les composons nous-mêmes. Nous connoissons, par exemple, tout ce que nous percevons par les sens, tout ce que nous entendons dire par d’autres, et généralement tout ce qui arrive à notre entendement, soit d’ailleurs, soit de la contemplation réfléchie de l’entende­ment par lui-même. Il faut ici noter que l’enten­dement ne peut être trompé par aucune expé­rience, s’il se borne à l’intuition précise de l’objet,