Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/253

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preuve d’un bon esprit que de pousser au-delà sa curiosité.

Éclaircissons tout ceci par un ou deux exem­ples. Si un homme qui ne connoît que les mathé­matiques cherche la ligne appelée en dioptrique anaclastique, dans laquelle les rayons parallèles se réfractent, de manière qu’après la réfraction ils se coupent tous en un point, il s’apercevra faci­lement, d’après la cinquième et sixième règle, que la détermination de cette ligne dépend du rapport des angles de réfraction aux angles d’incidence. Mais comme il ne pourra faire cette recherche, qui n’est pas du ressort des mathématiques, mais de la physique, il devra s’arrêter là où il ne lui serviroit de rien de demander la solution de cette difficulté aux philosophes et à l’expérience. Il pècheroit contre la règle troisième. En outre, la proposition est composée et relative ; or, ce n’est que dans les choses simples et absolues qu’on peut s’en fier à l’expérience, ce que nous démontrerons en son lieu. En vain encore supposera-t-il entre ces divers angles un rapport qu’il soupçonnera être le véritable ; ce ne sera pas là chercher l’anaclastique, mais seulement une ligne qui puisse rendre compte de sa supposition.

Mais si un homme sachant autre chose que des mathématiques, désireux de connoître, d’après la règle première, la vérité sur tout ce qui se pré-